L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent
L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent, première exposition temporaire thématique du Musée Yves Saint Laurent depuis son ouverture en octobre 2017, est présentée du 2 octobre au 27 janvier 2019. Cette exposition rassemble une cinquantaine de modèles Haute Couture inspirés de l’Inde, de la Chine et du Japon.
Ces pièces sont présentées pour la première fois avec des objets d’art asiatiques prêtés par le Musée National des Arts Asiatiques Guimet et par des collectionneurs privés, afin de donner un regard inédit sur le travail du couturier.
Yves Saint Laurent disait : « j’ai abordé tous les pays par le rêve ».
Grâce à ses voyages imaginaires ou immobiles, Yves Saint Laurent a livré une vision rêvée de contrées lointaines teintées de connaissances puisées dans ses lectures et dans une approche directe des objets d’art. Le couturier a plongé au cœur des coutumes locales et du folklore.
l’Asie occupe une place particulière qui ponctue toute son œuvre. Yves Saint Laurent propose une vision littérale et imaginaire de ce pays. Pour donner vie à des créations Haute Couture, il a regardé les costumes traditionnels indiens, chinois et japonais.
L’Inde est l’une des sources majeures dans l’œuvre d’Yves Saint Laurent. Sa connaissance de ce pays s’appuie essentiellement sur les livres qu’il possède. Pour sa première collection du Printemps-Été 1962, il réinterprète les vêtements de la garde-robe impériale, dans une vision personnelle et féminisées du manteau traditionnel indien.
Pour sa dernière collection en 2002, il fait défiler plusieurs robes drapées qui reprennent les fondamentaux du sari, tenue traditionnelle de l’Inde du sud.
Yves Saint Laurent revisite les somptueux manteaux des souverains de l’Inde du nord dans une vision élégante, en développant un goût pour les soieries précieuses brodées d’or, les broderies métalliques en relief et les costumes sophistiqués agrémentés de boutons-bijoux hérités des costumes princiers de la Cour Moghol du 16ème et 19ème siècle. Il réinterprète aussi l’usage des bijoux de ces derniers, en reprenant le Boteh, motif floral en forme de palme emblème du pouvoir royal, qu’il utilise comme ornement des turbans (Sarpech).
Yves Saint Laurent regarde aussi les tenues traditionnelles de l’Inde hindoue et propose une réinterprétation raffiné du costume drapé des femmes indiennes, le Sari.
À l’exception de l’exposition qui lui était consacrée à Pékin en 1985, Yves Saint Laurent ne voyagea pas en Chine. C’est donc à travers sa vaste collection de livres, les films ou les objets d’art chinois, qu’il se construit une Chine imaginaire que l’on retrouve dans la collection Automne-Hiver 1977 mais déjà de manière plus diffuse dans celle Automne-Hiver 1970.
La Chine suscite chez Yves Saint Laurent des vêtements amples, caractéristiques des habits chinois. Si la forme évoque la veste traditionnelle portée par les femmes de l’ethnie Han, Yves Saint Laurent ne garde de ce vêtement que la coupe, droite, le volume et les manches larges, en s’appuyant sur une construction technique occidentale.
Dans ses créations d’inspiration chinoises, Yves Saint Laurent emploie des motifs floraux qui renvoient explicitement à l’Extrême-Orient. La collection de l’automne/hiver 1970 évoque une vision personnelle du répertoire iconographique des robes informelles Bianfu (vêtements de loisir) caractérisées par des motifs libres et variés de fleurs aux coloris vifs.
La rencontre des tenues haute couture avec des robes et vestes à motifs de dragons empruntés à des collectionneurs privés permet de comprendre comment Yves Saint Laurent a évoqué la Chine en la réinterprétant sans cesse, comme en témoignent des imprimés ou motifs de ses créations qui reprennent ceux de la Chine antique.
Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, un couple épris de culture japonaise. Pour Yves Saint Laurent, le Japon est plus qu’une inspiration, c’est un modèle qui constitue le point de départ d’une création rendant hommage à la grâce des courtisanes déambulant dans les rues de Kyoto.
Au sein de l’exposition, le dialogue entre les créations d’Yves Saint Laurent et les tenues traditionnelles japonaises, comme un superbe costume de Kabuki de type Uchikake, ou certaines estampes représentant les courtisanes, témoigne de cette passion.
La nature occupe une place prépondérante d’art japonais et les iris constituent un thème populaire en Europe notamment par les estampes d’Hokusai, artiste collectionné et copié par les plus grands peintres européens tel Van Gogh, qui inspire Yves Saint Laurent pour sa veste brodée aux motifs d’iris, réalisée en 1998.
Musée Yves Saint Laurent Paris au 5 avenue Marceau Paris 16ème
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