Le musée des Arts décoratifs présente l’exposition Des cheveux et des poils
L’exposition Des cheveux et des poils est à découvrir jusqu’au 17 septembre dans le prestigieux musée des Arts décoratifs.
Après La mécanique des dessous en 2013, Tenue correcte exigée ! en 2017, et Marche et démarche en 2019, la nouvelle exposition Des cheveux et des poils explore à travers plus de 600 oeuvres du 15ème siècle à nos jours, les termes inhérents à l’histoire de la coiffure, mais également les questions liées à la pilosité faciale et corporelle.
Roberto Greco
De grands noms de la mode contemporaine tels Alexander McQueen, Martin Margiela ou Josephus Thimister sont présents avec leurs réalisations spectaculaires faites à partir de ce matériau singulier qu’est le cheveu.
Les métiers et les savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui sont mis en avant avec leurs figures emblématiques : Léonard Autier (coiffeur favori de Marie-Antoinette), Monsieur Antoine, les sœurs Carita, Alexandre de Paris et plus récemment les coiffeurs studio.
Nick Norman
L’exposition est présentée dans les galeries de la mode Christine & Stephen Schwarzman, dans une scénographie confiée à David Lebreton de l’agence Designers Unit.
Dans une atmosphère où les nuances de blond, de brun et de roux évoquent les principales couleurs de la chevelure, le parcours, est divisé en cinq thématiques.
La première partie de l’exposition s’ouvre sur l’étude de l’évolution de la coiffure féminine, véritable indicateur social et marqueur d’identité.
Rijksmuseum, Amsterdam
Se coiffer est un acte intime, une dame bien née ne pouvait se montrer en public les cheveux défaits.
Louis XIV devenu chauve très jeune adopte la perruque dite de cheveux vifs qu’il impose à la cour. Au 20ème siècle, Andy Warhol connait la même mésaventure : la perruque qu’il porte pour cacher sa calvitie sera érigée en icône de l’artiste.
De nos jours, postiches et perruques sont utilisées dans la haute couture, lors des défilés de mode ou, bien entendu, pour pallier une perte de cheveux.
Katrin Backes
Les couleurs naturelles des cheveux et leurs symboliques sont étudiées avec ce qu’elles véhiculent. Le blond est la couleur des femmes et de l’enfance. Le roux est attribué aux femmes sulfureuses, aux sorcières et à quelques célèbres femmes de scène. Quant aux cheveux noirs, ils trahiraient le tempérament bien trempé des bruns et les brunes.
Laetitia Ky
Des colorations expérimentales du 19ème siècle jusqu’aux teintures plus certaines dès les années 1920 : les couleurs artificielles ne sont pas oubliées. Le travail du coiffeur Alexis Ferrer qui réalise des impressions digitales sur de vrais cheveux est également présenté.
Rafa Andreu
L’exposition dévoile également les différents métiers du poil : barbiers, barbiers-chirurgiens, étuvistes, perruquiers, coiffeurs de dames, etc., à travers des documents d’archives et une foule de petits objets : enseignes, outils, produits divers et les étonnantes machines à permanentes et les séchoirs des années 1920.
En 1945, la création de la haute coiffure élève le métier au rang de discipline artistique et d’un savoir-faire français. La coiffure du 20ème siècle est marquée par Guillaume, Antoine, Rosy et Maria Carita, Alexandre de Paris coiffant princesses et célébrités.
De nos jours, la grande coiffure s’exprime principalement lors des défilés des prestigieuses maisons de mode. Invités à l’exposition, Sam McKnight, Nicolas Jurnjack ou Charlie Le Mindu réalisent des coiffures extraordinaires pour les top-models.
Samir Hussein / Getty Images
Nick Norman
La section regards sur un siècle permet d’évoquer les coiffures iconiques des 20ème et 21ème siècles : le chignon 1900, la coupe à la garçonne des années 1920, les cheveux permanentés et crantés des années 1930, la pixie et la choucroute des années 1960, les cheveux longs des années 1970, les coiffures volumineuses des années 1980, les dégradés et les mèches blondes des années 1990, sans oublier les nappy hair.
L’agencement des cheveux sous une forme particulière peut révéler l’appartenance à un groupe et manifester une expression politique, culturelle en opposition avec la société et l’ordre établi. Plus idéologiques qu’esthétiques, la crête iroquoise des punks, les cheveux négligés des grunges ou les crânes rasés des skinheads sont des moments forts de créativité capillaire.
Nick Norman
Porter les cheveux d’un autre, connu ou inconnu, revêt une dimension inquiétante, et cette superstition semble bien ancrée. Malgré ces appréhensions, quelques créateurs choisissent de transcender cette matière si familière en objet de mode. C’est le cas de créateurs contemporains comme Martin Margiela, Josephus Thimister et Jeanne Vicerial. la question de l’identité, traitée de manière légère ou plus profonde, est souvent au cœur des raisonnements, que les cheveux soient vrais ou factices.
Giovanni Giannoni
Le musée des Arts décoratifs a bénéficié de prêts exceptionnels du château de Versailles, du musée des Beaux-Arts d’Orléans, du musée du Louvre et du musée d’Orsay.
Musée des Arts décoratifs au 107 rue de Rivoli Paris 1er
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