Harper’s Bazaar, premier magazine de mode au musée des Arts Décoratifs
À l’occasion de la réouverture des galeries de la mode, rénovées grâce au mécénat de Stephen et Christine Schwarzman, le musée des Arts Décoratifs a présenté une grande exposition consacrée au célèbre magazine de mode américain Harper’s Bazaar. L’exposition qui était initialement prévue du 28 février au 14 juillet 2020, reportée jusqu’au 3 janvier 2021 a été interrompue en novembre dernier, le musée ayant été contraint à nouveau de fermer ses portes.
L’exposition Harper’s Bazaar, premier magazine de mode a retracé les moments forts de cette revue mythique, son évolution depuis 1867, en rendant hommage aux personnes qui l’ont façonnée : Carmel Snow, Alexey Brodovitch et Diana Freeland. Tous les trois, à partir des années trente propulsent le magazine dans la modernité de la mode et du graphisme instaurant une exigence.
Dans un musée qui a fait de la mode l’un de ses piliers, il n’est pas inutile de rappeler que le magazine de mode est très souvent le premier matériau qui permet d’en écrire l’histoire comme il est aussi le premier véhicule de la diffusion et de la connaissance de la mode.
Gleb Derujinsky
Soixante créations de couture et de prêt-à-porter, issues essentiellement des collections du musée, mais aussi de prêts de pièces iconiques prestigieuses ont été présentées en correspondance avec leur parution dans ce magazine. Le regard des grands photographes et illustrateurs qui ont fait le renom de Bazaar a été ainsi mis en perspective pour résumer un siècle et demi d’histoire de mode. Man Rayn Salvador Dali, Richard Avedon, Andy Warhol, ou encore Peter Lindberg ont contribué à l’esthétique hors pair du magazine. La scénographie, tout comme la rénovation et l’aménagement, a été confiée à l’architecte et designer Adrien Gardère. Sur deux niveaux des galeries de la mode, l’exposition chronologique et thématique proposait une immersion dans le magazine en plaçant des robes face à leur publication originale très agrandie.
Le cheminement soulignait la contribution à l’évolution de la silhouette depuis 150 ans et racontait comment ces images de magazine se sont construites. L’exposition intégrait croquis, photos et patrons qui ont précédé l’image de mode et nourri son inspiration. Cette exposition était la première consacrée à un magazine de mode qui ne se limite pas à la simple présentation de photographies : elle se penchait autant sur la question de la direction artistique que sur l’impact du graphisme et de la photographie, sur le rôle des femmes et des hommes qui, autant que ceux qui la créent et la portent, défendent une certaine idée de la mode.
Hiro
Hiro
Peter Lindberg
Lancé en 1867 à New-York par Harper & Brothers, Harper’s Bazaar s’adresse aux femmes afin de les instruire en matière de mode, de société, d’art et de littérature. Sa première rédactrice en chef est Mary Louise Booth qui donne le ton du magazine et introduit les créations du couturier parisien Charles-Frederick Worth très appréciées par les clientes fortunées américaines.
Patrick Demarchelier
Au 20ème siècle, le magazine s’entoure de nombreux artistes français comme Picasso, Cocteau et Matisse et consacre également des articles aux figures de l’École Américaine telles Jackson Pollock, Franck Stella ou William Burroughs. C’est aussi une revue littéraire de portée internationale qui accueille les écrits de Colette, Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Jean Genet, André Malraux et accorde aux écrivains de langue anglaise une attention primordiale. Charles Dickens, Virginia Wolf, Patricia Highsmith, Truman Capote ou encore Carson McCullers ont écrit dans Bazaar.
Peter Lindberg
Plus qu’un contenu, c’est l’aspect esthétique de la composition graphique qui constitue la richesse du magazine. L’équilibre entre les images de mode et l’acuité de sa critique font de Harper’s Bazaar une référence de l’histoire du graphisme et de la mode. Les grands couturiers et couturières : Charles-Frederick Worth, Paul Poiret, Jeanne Lanvin, Madeleine Vionnet, Elsa Chiaparelli, Christian Dior, Cristobal Balenciaga doivent une part de leur mythe au rayonnement de Bazaar.
Les photographes célèbres : Jean-Paul Goude ou Simon Procter, meneurs de revue avec backstages, coulisses, grandes compositions photographiques et ambitieuses prises de risque, mais aussi Yasuhiro Wakabayashi, dit Hiro, photographe de mode américain, qui a fait de la mode un champ d’expérimentations. Toutes les grandes maisons de couture ont eu les honneurs de la couverture ou des pages intérieures de Harper’s Bazaar. Linda Évangelista et Kate Moss ont été mises en lumière par Patrick Demarchelier ou Peter Lindberg.
Musée des Arts Décoratifs au 107 rue de Rivoli Paris 1er
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